Événement en ligne
11.12.2020
Les grandes organisations peuvent-elles vraiment changer ?
Transformer les grandes organisations : pouvoir ou vouloir ?
Le 27 novembre dernier, Laurent Ledoux est intervenu lors du NextGen Enterprise Summit 2020 à propos de la capacité des grandes organisations à se transformer. Un thème qui soulève plusieurs questions, tant au niveau de leur capacité à le faire que de leur volonté réelle.
Thématiques liées :
- Gouvernance collaborative
- Transformation organisationnelle

Dans cet article
- La transformation, plus qu’un changement organisationnel
- Une systémique complexe
- Chaque organisation est unique, sa méthode de transformation également
- Une transformation par l’exemple
- Une ambition qui dépasse la pure valorisation actionnariale
- Un processus itératif et un accompagnement pour mitiger les risques ?
- Conclusion
Dès le début de sa présentation, Laurent entre dans le vif du sujet. Pour lui, c’est une évidence : Oui, les grandes organisations peuvent changer et mettre en place une gouvernance collaborative authentique. Ce n’est pas facile mais les entreprises historiques font face à de très nombreux défis qui les poussent, qu’elles le veuillent ou non, à se transformer en ce sens.
Pour de grandes organisations, qui comptent des milliers d’employés, il est essentiel de comprendre qu’une telle transformation ne se résume pas à instaurer une culture collaborative : il faut également ajuster tous les processus transversaux de l’organisation (HR, payroll, legal, finance) voire dans certains cas, de réinventer son business model. Cela requiert une approche collaborative sophistiquée, combinant intelligemment les dynamiques “top-down” et “bottom-up”.
“Ce n’est pas un hasard si Frédéric Laloux a intitulé son livre “Réinventer les organisations”. Son message est que l’enjeu est bien plus profond que la mise en place d’une gouvernance collaborative. Il s’agit de réinventer les organisations de façon systémique », raconte Laurent.
Il revient également sur le fait que transformer une organisation n’est pas compliqué, mais complexe. Il s’agit là d’une distinction que l’on retrouve également dans l’ouvrage de Laloux. Un système compliqué est celui pour lequel il existe des solutions pré-établies et dont le fonctionnement nous permet, a priori, d’anticiper certains événements futurs ou des liens de cause à effet entre les composantes du système. Un système complexe est celui pour lequel il n’existe pas de “solution” ou de chemin de transformation préétabli : les interactions entre les composantes du système sont impossibles à prévoir ; la transformation n’est pas imposée, elle émerge. On peut tout au plus l’accompagner.
En effet, une entreprise est un organisme vivant, composé de cellules (les personnes par exemple) et de mécanismes de coordination (les processus par exemples), eux-mêmes influencés par des événements endogènes et/ou exogènes à l’organisation (la crise du covid-19 par exemple). Cela crée de nombreux niveaux de complexité et d’enjeux au sein de l’organisation. Voici quelques pistes pour adresser ces enjeux.
Premièrement, Laurent suggère d’intégrer une série d’outils et de techniques sans dogme et sans présupposés. Ce faisant, il reprend les propos de Jean-Christophe Conticello qui insiste sur le fait qu’une organisation doit, à tout prix, éviter une “guerre de chapelles” entre différentes approches possibles, telles que le Lean Management, l’Agile, le Teal, la libération, l’Holacratie© ou encore la Sociocratie.
“Toutes ces approches ou philosophies reconnaissent plus ou moins explicitement le besoin de mieux satisfaire les trois grands besoins psychologiques fondamentaux et universels mis en exergue par Deci & Ryan dans leur théorie de l’auto-détermination, à savoir le besoin d’inclusion, d’une autonomie cadrée et de développement personnel. Il s’agit donc d’extraire les principaux apports de ces différentes approches et de les marier au mieux en fonction des besoins spécifiques de l’organisation concernée pour l’aider à se transformer de façon authentique, en profondeur”, affirme Laurent.
Laurent poursuit son explication en soulignant que si les dogmes sont inutiles, l’établissement d’un cadre clair est, quant à lui, indispensable pour engager la transformation à tous les niveaux de l’organisation.
“Ce cadre peut être large, il n’a pas besoin d’aller dans le détail, mais il doit emprunter un langage commun à tous les départements de l’organisation. Beaucoup de grandes entreprises qui ont essayé de “faire du collaboratif” ont commis l’erreur de laisser les équipes tester séparément des approches très différentes, ne fût-ce que quant au vocabulaire qu’elles utilisent. Cela renforce paradoxalement encore plus les silos qu’une gouvernance collaborative est précisément censée réduire. Or, pour fixer un cadre commun pour la transformation, il faut que les leaders de l’organisation s’impliquent réellement, authentiquement, et dès le départ dans le projet de transformation”, dit Laurent.
Selon lui, pour réussir la mise en place d’une gouvernance collaborative, il faut que le top management fasse preuve d’exemplarité. L’authenticité avec laquelle le ou la CEO aborde une telle transformation reflète la vision et le besoin de changement auquel il ou elle souhaite répondre. Le top management peut certes se faire accompagner et coacher mais il est impossible qu’il délègue les clés d’une telle transformation à un cabinet de consultants, aussi bons soient-ils, comme cela se fait pour d’autres types de réorganisation, plus classiques (genre Business Process Reengineering).
Une transformation authentique requiert donc inévitablement un travail en profondeur avec le comité de direction de l’entreprise afin d’aider ses membres à trouver la juste posture, qui leur permettra de vraiment assumer leur leadership tout en donnant de la latitude à leurs collaborateurs pour implémenter la transformation.
Comme l’expliquera Carlos Verkaeren la semaine suivante lors d’un webinar organisé par Phusis, il est également impératif de veiller à ce que la raison d’être de l’organisation et de sa transformation englobe d’autres dimensions que la simple augmentation de la valeur actionnariale. L’amélioration du bien-être des collaborateurs et l’impact sociétal doivent être considérés comme aussi importants que l’évolution de la valeur actionnariale, sans quoi la transformation est instrumentalisée au profit d’une stratégie financière et ne pourra qu’échouer. L’échec de nombreuses organisations qui ont prétendu se transformer alors que leur seul but était de procéder à des coupes budgétaires pour répondre à la demande des actionnaires en témoigne.
“En tentant de se transformer authentiquement, les entreprises prennent un risque important. Elles consacrent du temps et des moyens à un projet qui peut être décisif pour leur avenir mais qui peut aussi bien échouer. Il est donc primordial qu’elles avancent pas à pas, en testant et en expérimentant par itération, en mitigeant autant que possible les risques. Pour augmenter ses chances de réussir une telle transformation, il est important de se faire accompagner par des personnes qui ont une réelle expérience en la matière, qui ont vécu elles-mêmes des transformations similaires en tant que managers au sein de grandes organisations. En effet, il serait dangereux de prétendre accompagner un tel type de transformation sans l’avoir vécu soi-même avant”, souligne Laurent.
Dans le même ordre d’idées, il est essentiel que les leaders qui décident de mener un projet de transformation authentique veillent, dès le départ, à ce que l’ensemble de leurs collaborateurs internalisent au plus vite les compétences liées au management collaboratif, tout en tenant compte de leur niveau de maturité différent à cet égard.
“En général, les employés qui s’impliquent dans les équipes de transformation ont un degré de connaissance et de compréhension de la gouvernance collaborative et de ses mécanismes qui peut varier du tout au tout. Dans les grandes organisations, pour être efficaces et motiver au mieux les personnes engagées, il est donc essentiel de mettre en place des trajets de formations différenciés et adaptés aux niveaux de maturité de chaque personne en termes de gouvernance collaborative. Cela permet d’aller plus vite et d’économiser des ressources en temps précieuses dans la dissémination de la nouvelle culture collaborative”, conclut Laurent.
Oui, les grandes organisations peuvent donc se transformer authentiquement si elles le veulent réellement. Mais le veulent-elles ? Personne ne peut le dire avec certitude à part les personnes qui les dirigent. En revanche, ce qu’il est possible d’affirmer c’est qu’elles devront changer quoiqu’il arrive, car elles s’inscrivent dans un écosystème qui ne peut pas ne pas changer. Afin de savoir si leur volonté de transformer authentiquement leur organisation est réelle, les leaders de grandes organisations peuvent se poser les questions essentielles suivantes :
- Suis-je convaincu que la grande majorité des membres de l’organisation serait, dans les bonnes conditions, effectivement désireuse et à même de prendre ses responsabilités, conduisant ainsi de façon autonome l’organisation vers les objectifs qu’elle s’est fixés ?
- Suis-je prêt à travailler sur moi-même pour changer ma posture, et adopter une posture basse, me mettre authentiquement au service de mes collaborateurs ?
- Suis-je convaincu de la nécessité de mettre en place une gouvernance collaborative avant tout pour ses bienfaits en termes de bien-être pour les collaborateurs et en termes d’impact sociétal positif, indépendamment de ses effets sur la valeur actionnariale, cette dernière n’étant pas le but ultime recherché mais un résultat possible de la transformation ?
- Suis-je disposé à lâcher-prise, c’est-à-dire à accepter que le processus de transformation est incontrôlable, même s’il est possible d’en mitiger les risques ?
Si la réponse apportée à ces trois questions est un “oui” franc et authentique, qui vient des tripes (et pas seulement de la tête), alors le leader est réellement prêt à engager son organisation dans une telle transformation. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux qu’il ou elle s’abstienne et attende d’être authentiquement prêt(e).
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